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La photographe Sabine Villiard

Photographe française, Sabine Villiard est née à Londres en 1972 et vit en France depuis 1989. Photographe de mode et de beauté, elle débute sa carrière en 1995 pour des magazines tels Vogue, Glamour, Elle, Dealer de Luxe, Marie-Claire, Twill, etc. Son style plein de fraîcheur, d'humour et de légèreté lui a permis de réaliser de nombreuses campagnes de pub pour de grandes marques telles que Clarins, Bourjois, Le Printemps, Garnier, Nolita, Sephora, L'Oréal, Shiseido, Etam, Agatha et tout récemment pour Giorgio Armani.
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INTERVIEW

- Premiers contacts avec la photographie ?
Sabine Villiard : Mon père est un passionné de photo. À l'époque, on habitait en Angleterre, et mon père aimait beaucoup photographier les rues de Londres ou des scènes typiques de la vie anglaise, et cela me fascinait. Il développait lui-même ses films, et je l'accompagnais souvent dans le noir. Ce sont de très beaux souvenirs. Cette passion pour la photographie, il me l'a transmise très très tôt.

- Vous avez donc vécu à Londres durant plus de 15 ans, pensez-vous que cette ville vous ait influencée ?
SV : Quand on se promène à Londres, on croise les looks les plus fous : les Anglais sont sans complexe. J'ai grandi entourée de personnalités totalement délirantes, et tout cela me paraissait parfaitement normal. Mon œil s'est formé de cette manière.

- Quels sont les photographes que vous admirez le plus ?
SV : Petite, je feuilletais déjà les revues photos de mon père : je voyais passer des images sublimes de Newton, Hamilton, sans vraiment savoir qui ils étaient. Au lycée, j'aimais beaucoup Mondino, que j'avais découvert dans le magazine Glamour. Plus tard, j'ai été frappée par le travail de photographes tels que Lartigue, Bourdin, Leidmann, ou encore Lachapelle. Ce sont des univers qui m'inspirent énormément.

- Le shooting le plus cauchemardesque ?
SV : En France. Dans les Alpes. En plein hiver. Les batteries de flash constamment déchargées à cause de la température. Toute l'équipe paralysée par le froid. L'ambiance, comme la saison, hyper froide. La tension montait de plus en plus. La journée a fini en pugilat : tout le monde s'est mis à hurler et les cris résonnaient dans la montagne. Avec l'écho, le vent, le froid, la scène était terrible... ! C'était vraiment n'importe quoi, ce shoot.

- Le shooting le plus dingue ?
SV : En Afrique du Sud. On avait installé le mannequin sur une chaise d'arbitre géante, dans l'eau. C'était génial. J'ai fait quelques prises de vues, mais je n'étais pas vraiment satisfaite. Alors j'ai imaginé tout rééclairer. Ce qui voulait dire que mes assistants devaient aller réinstaller la lumière dans l'eau. Ils sont partis rejoindre le modèle en canoë, avec les flashs, les batteries, bref, tout le matériel ! Quand je repense à ce shoot, je réalise que c'était un peu dangereux quand même...

- Le shooting le plus tripant ?
SV : Une prise de vue en Sicile, avec la prod de Chico Paladino. Il faut imaginer la scène ! Les décors d'abord : sur un port de pêche, des grues, des barques à l'envers. Et sous les barques, les mannequins, qui portaient ces barques comme des chapeaux. Quinze assistants qui couraient tous dans le même sens, comme dans cette vieille série télé, Benny Hill. Une mise en scène incroyable. C'était vraiment drôle. J'adore ce genre d'expériences, un peu décalées.
 

QUESTIONS SUBSIDIAIRES

- Quel autre métier auriez-vous aimé faire ?
SV : Avoir une galerie d’art et faire découvrir des artistes du monde entier. Avoir une maison d’édition, aussi, publier des livres d’art, de littérature, de photographies. Avoir un petit restaurant, et réaliser des émissions culinaires. Et puis…  Non, j’arrête là… j’ai envie de faire tellement de choses !

- Quelle est votre drogue favorite ?
SV : L’adrénaline.

- Qu’est-ce qui vous donne l'envie de créer ?
SV : Je pense que je suis tombée dans la potion créative toute petite. Tout ce que je vis m’inspire énormément, mes rencontres, mes voyages, mon métier.

- Qu’est-ce qui, au contraire, vous met complètement à plat ?
SV : Les gens incompétents.

- Le portrait de qui auriez-vous envie de faire, pour mettre sur un nouveau
billet de banque ?

SV : Mon autoportrait !

- Quel est votre juron, gros mot, blasphème favori ?
SV : "Oh merde !" ou "Oh fuck !"

- Quel don de la nature aimeriez-vous avoir ?
SV : Le chant et la danse.
 

SI VOUS ÉTIEZ

- Une couleur ?
SV : Aujourd’hui bleu, mais demain peut-être rouge, hier noir…

- Une chanson ?
SV : "Bobby Mc Gee" de Janis Joplin.

- Un objet ?
SV : Un oreiller (pour capter les rêves du dormeur, sentir son apaisement, ressentir la douceur du sommeil et être le témoin des moments intimes).

- Une saison ?
SV : L’été.

- Un oiseau ?
SV : Le canard mandarin (parce qu’il vole, nage, parce qu’il est une espèce protégée, et parce qu’il est très beau).

- Un parfum ?
SV : L’odeur du maquis, en Corse.

- Un alcool ?
SV : Le champagne.

- Un sens ?
SV : La vue bien sûr ! Et le toucher… L’ouïe aussi… En fait, je serais les cinq sens !

- Un/une (autre) artiste ?
SV : David Lynch.
 

UN PHOTOGRAPHE + UN LABO
Sabine Villiard & Processus

- Pourquoi avez-vous choisi Processus ?
SV : Tout a commencé par une rumeur… il y plus de dix ans de cela déjà. On entendait dire qu’un nouveau labo allait s’ouvrir sur Paris, et moi, à l’époque, je ne me sentais vraiment proche d’aucun labo en France. Je suis allée faire quelques tests chez eux, je leur ai porté développements et tirages, pour voir. C’était nickel. Et puis il y eu ma première rencontre avec Marie-Laure et Tom : et là, coup de foudre. Des gens géniaux. Quand ils ont décidé d’ouvrir un pôle numérique juste à côté du labo argentique originel, c’est tout naturellement que je les ai suivis. J’ai vu se monter l’équipe de retoucheurs, Caroline en tête. Elle a tout de suite compris mes images, mes attentes. Et puis très vite l’équipe s’est agrandie… Ils sont tous super doués, et je suis toujours en totale confiance avec eux. Travailler de cette manière, dans la complicité, c’est pour moi irremplaçable.
 
Le mot de la fin, par Marie-Laure Metge-Escuriol - fondatrice de Processus.
ML : Entre Sabine et Processus, c'est une histoire de complicité. Je me retrouve dans le personnage. On accompagne son travail depuis nos débuts et nous sommes toujours séduits, à chaque nouvelle série. Ses images lui ressemblent : je suis particulièrement sensible à la fraîcheur qui s'en dégage, à cette ambiance pétillante et joyeuse. Sabine déborde d'énergie. C'est une battante, rien ne l'arrête. C'est aussi quelqu'un de loyal, et de très professionnel. Des qualités qui sont tellement importantes pour bien travailler ensemble.


Interview : Sandrine Fafet
(Novembre 2008)