EN QUELQUES DATES...
1995 : Rencontre avec Pierre-Louis Denis, l’assistant de William Klein. Une amitié se crée, des échanges autour du "métier" de photographe. À travers les précieux conseils prodigués par Pierre-Louis Denis, se dessine de plus en plus nettement la possibilité, pour Samuel Kirszenbaum, encore étudiant à l'époque, de faire de l’activité de photographe un métier.
2004 : Rencontre avec Laurent Abadjian, directeur du service photo au magazine Télérama. Là encore, pour Samuel Kirszenbaum, une rencontre décisive. Gardant bien en tête les conseils de Laurent Abadjian, Samuel Kirszenbaum continue de produire de nouvelles images : il a déjà une expo à son actif et est devenu le photographe du magazine de musique Planet of Sound. Plusieurs séries voient le jour : Les gens dans leur habitat, l'humanité ordinaire photographiée dans son quotidien, Headshots, le public des concerts, fiévreux et idolâtre et les Snapshots de nuit, portraits au flash, shootés sur le vif.
2009 : Corbis Outline Samuel rejoint Corbis Outline, cette agence spécialisée dans le portrait haut de gamme, qui compte parmi ses membres Jérôme Bonnet, Vincent Ferrane, Jean-François Robert, Rudy Waks, Roberto Frankenberg, Patrick Swirc parmi d’autres.
HISTORIEN DE LA PHOTOGRAPHIE
2002 : L'université
Samuel Kirszenbaum reste fidèle à sa vocation de devenir professeur d’anglais, sans quitter l'univers de la photographie : son mémoire de Maîtrise porte sur la civilisation et la photographie américaines : 1955, une année photographique, sur la concomitance entre la réalisation du livre "Life Is Good and Good for You in New York: Trance Witness Revels" de William Klein et l’exposition "The Family of Man" au Museum of Modern Art en 1955.
2003 : Des Transphotographiques de Lille à Harry Lunn
Au détour d’une exposition, Samuel découvre Harry Lunn, le marchand de photographie américain, et se passionne immédiatement pour ce personnage. Après sa maîtrise d’anglais, sa recherche s’oriente vers le monde du marché de la photo, dont l'incontournable personnage d'Harry Lunn fût l’un des piliers..
2004 : Recherche universitaire sur la photographie
DEA d’anglais dont le mémoire dresse un état des lieux de la photographie à New York dans les années 60. Les institutions, la perception de la photographie dans la presse, la critique, les galeries, le marché de l'art, et deux grands photographes : Roy DeCarava et Diane Arbus.
2005 : Un voyage à Tucson, Arizona
C’est à Tucson que se trouve le Center for Creative Photography, (qui abrite notamment les archives photographiques d’Edward Weston, d’Ansel Adams, Garry Winogrand, Harry Callahan et le fonds Avedon, pour ne citer qu’eux…) Samuel Kirszenbaum y enseigne là-bas le français d’abord, puis se voit confier des séminaires sur l’histoire de la photographie au sein du programme doctoral.
2006 : L’anniversaire des 10 ans de Paris Photo
Hommage à Harry Lunn qui est l'un des créateurs de la Foire. Samuel co-organise l'événement et modère la Table Ronde.
2007 - 2010 : Les Rencontres d’Arles
Le thème du colloque cette année-là : le marché de la photo. On confie à Samuel Kirszenbaum la mission d’organiser et de modérer les colloques du matin et les débats publics de l’après-midi.
Son article paraît dans Études Photographiques, la revue de la Société Française de Photographie : « Harry Lunn, la vision du marchand »
2010 : Colloque au Jeu de Paume
À l'occasion de l’exposition de Lisette Model. Samuel Kirszenbaum est chargé l’organisation et la modération du colloque autour de la photographe.
DE PLANET OF SOUND ET NEWCOMER À VOXPOP
1998 : Débuts dans l'édito
Rencontre à la fac d’anglais de Jean-Vic Chapus (futur directeur et rédacteur en chef du magazine
VoxPop), avec lequel il partage notamment un goût pour la musique (Samuel est également bassiste dans un groupe). Intéressé par les photos de Samuel, Jean-Vic lui propose de participer, en tant que photographe, au fanzine musical qu’il vient de créer,
Planet of Sound.
Au même moment, il est lauréat de la bourse Défi-Jeunes, (une initiative du Ministère de la Jeunesse et des Sports qui permet à des jeunes de réaliser des projets culturels, scientifiques ou techniques) qu’il souhaite consacrer à l’enregistrement d’un disque avec son groupe de musique. Il s'intéresse alors au réseau qui lui a permis d’obtenir une subvention, et se propose comme jury des projets musicaux. Samuel est finalement nommé expert sur tous les projets musicaux d’Île-de-France.
2001 : Rencontre avec le photographe Mathieu Zazzo.
Samuel est devenu le photographe de Planet of Sound. Mais il programme un voyage de trois semaines à New-York. Il s’agit de trouver LE photographe qui prenne le relais durant son absence. C’est alors qu’il rencontre Mathieu Zazzo (rencontre capitale puisqu'il s'agit du futur co-fondateur, rédacteur en chef adjoint, directeur du service photo et photographe du magazine VoxPop !), recommandé par un ami commun - le début d'une longue amitié... Alors jeune photographe indépendant, Mathieu Zazzo apporte sa propre touche à l'équipe de Planet of Sound.
2002 : Démarre l’aventure Newcomer, autre magazine musical. Ce magazine, à peine entré en kiosque, perd son équipe éditoriale, dispersée ça et là dans d’autres jobs de presse. L’équipe de Planet of Sound investit alors le magazine : c'est pour elle le début des ventes en kiosques.
2006 : Place à VoxPop, bimestriel de tendances culturelles et musicales. Après Planet Of Sound et Newcomer, l'équipe éditoriale composée du noyau dur Samuel Kirszenbaum / Mathieu Zazzo / Jean-Vic Chapus, sentait qu'ils étaient tous arrivés au bout de quelque chose, et qu’il était temps pour eux de se remettre à nouveau en question pour aller plus loin. Excellent timing : alors que le directeur de Newcomer leur fait part de sa décision d’arrêter l’aventure, quelques heures leur suffisent pour monter VoxPop ; le nouveau magazine était déjà parfaitement calé dans leur tête. VoxPop était né.
INTERVIEW
- Quels sont les photographes qui vous ont donné envie de faire de la photo ?
Samuel Kirszenbaum : Comme le disait Captain Beefheart (célèbre musicien, compagnon de route de Frank Zappa), si tu dois copier quelqu’un, copie au moins quelqu’un qui a du talent, ainsi le résultat ne sera pas trop mauvais. Le photographe qui m’a donné envie de produire mes propres images, c’est d’abord William Klein. Grand-angle, proche, extrêmement proche de son sujet, parfois à 30 cm de lui, l’agression et le fait de « tirer » sur l’appareil photo m’ont beaucoup excité pendant longtemps. Et puis, peut-être ai-je un peu gagné en assurance, je me suis progressivement éloigné de mon sujet. Plus posé, plus dirigé, mais pas moins violenté. Aujourd’hui, les photographes que j’admire sont Diane Arbus, Lise Sarfati, Philip-Lorca diCorcia, William Eggleston, David Goldblatt et Rineke Dijkstra. Ils m’inspirent bien sûr, mais c’est mon acolyte Mathieu Zazzo qui m’a le plus influencé. On se connaît bien depuis plus de dix ans à force de faire tous ces magazines ensemble, et ses conseils ont été (et sont toujours !) précieux.
- Quel est le cliché que vous ne supportez plus ?
SK : "Elles sont belles vos photos." Variante : "J'aime beaucoup ce que vous faites".
- Quel est le métier que vous n'auriez pas aimé faire ?
SK : Vigile.
- Qui aimeriez-vous shooter pour mettre sur un nouveau billet de banque ?
SK
: Jacques Delors.
- Quelle est votre drogue favorite ?
SK : Le mélange hyposulfite de soude, nicotine et caféine.
- Quel est votre juron, gros mot, blasphème favori ?
SK : CMOS.
- Votre livre préféré ?
SK :
Cruel and Tender, The Real in the 20th Century Photograph (Emma Dexter, Thomas Weski).
- Un site web préféré ?
SK : www.americansuburbx.com.
- Quel don de la nature aimeriez-vous avoir ?
SK : La transparence.
- À quoi sert un photographe ?
SK : À se rappeler de ce qui n’est déjà plus. Ou de ce qui perdure.
UN PHOTOGRAPHE + UN LABO
Samuel Kirszenbaum & Processus
- Pourquoi avez-vous choisi Processus ?
SK : La première phrase que j’ai entendue à Processus, c’est « Non, nous ne faisons pas de remises spéciales, car chez nous les prix sont justes pour que tout le monde en profite ». Pour moi c’est ça la philosophie démocratique de Processus : une qualité d’écoute inégalée, une prise en compte de mes attentes pour des résultats qui les dépassent souvent à des prix sans pareil sur Paris, le tout couplé à une rapidité d’exécution parfois irréelle. Quand on a tous ces éléments au sein d’un interlocuteur, difficile de commencer à espérer envisager changer de partenaire. C’est comme une histoire d’amour, quand on y réfléchit.
L'ARRÊT SUR IMAGE de Samuel Kirszenbaum
Samuel Kirszenbaum décrypte pour nous l'une de ses planches contact.
SK : Souvent, une photo dont on est content est le résultat d’une approche plus ou moins planifiée, l'aboutissement d’un point de vue. Pas là. C’est pour ça que des images comme celle-là, on n’en fait pas tous les jours. Je vous montre la planche contact.
Tucson, Arizona, octobre 2005, par 45°C.
J'ai passé un an à Tucson, en échange universitaire.
Cet après-midi-là, des amis sont en ville : le groupe nantais French Cowboys. Ils tournent un clip dans le désert. On voit bien, sur la planche contact, qu'au départ je prends des photos souvenirs de mes copains, des gens qui sont là.
La fille à la culotte rouge, je ne sais pas qui elle est. Elle est … là. Vues n°3 et 4, quelque chose se passe. Presque une photo. Juste après, « right time, right place ».
Vue n°5, lucky day, tout est bon. Pourquoi ? Comment ? Finalement, on s’en fiche. Le hasard a aidé. Tout est à sa place, les bas noirs, la culotte rouge, la main sur le visage, le reflet dans la portière, les ombres ... c’est une photo.
Vue n°9, une autre photo. Un portrait.
En fait, je vous montre cette planche contact car elle me rappelle une notion formulée par John Szarkowski (Conservateur en chef du département de la photographie au MoMA de 1962 à 1991) et à laquelle je suis très attaché : « N'importe qui peut tout à fait produire une photographie susceptible d'être accrochée au mur d’un musée ». Comme je l'enseigne à mes étudiants, c'est en un sens une des définitions du médium photographique comme l’art démocratique par excellence. En revanche, cela déplace la problématique sur la production de la deuxième puis la troisième image qui doivent former un ensemble cohérent. Et, à mon avis, c'est là - plus que sur des questions techniques - où s'établit la différence entre l'amateur et l'auteur.
Interview : Sandrine Fafet
(Juillet 2010)