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Le photographe Éric Matheron-Balaÿ

Au fil des séries de mode qu'il imagine pour des magazines tels que Gala ou Madame Figaro, et des campagnes de pub qu'il réalise pour des clients tels que Bouygues Telecom, La Redoute, Decathlon, Afflelou, Renault, ect., Éric Matheron-Balaÿ nous donne à voir de belles images. Pureté, légèreté, séduction se retrouvent dans chacune d'elles, et composent ensemble un univers lumineux et captivant.
LEGENDE
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INTERVIEW

- Premiers contacts avec la photographie ?
Éric Matheron-Balaÿ : À 14 ans, je faisais des photos d’identité et des portraits chez un photographe de quartier, pour me faire un peu d'argent de poche. Et en 1976, dans l’intimité et la promiscuité des labos photos de mon lycée.

- Quels sont les photographes qui vous ont donné envie de faire de la photo ?
EMB : Richard Avedon - Irving Penn - David Bailey – Horts P. Horst - Peter Lindbergh – Paolo Roversi – Guy Bourdin – William Klein.
Et j'en oublie...

- Diriez-vous que vous n’imaginez pas vous passer de prendre des photos ? Est-ce une activité vitale ?
EMB : Non, en vacances je pars sans appareil photo.

- Pas de photos perso, alors ?
EMB : Uniquement (et occasionnellement) pour mes proches.

- En tant que photographe, diriez-vous que c’est, de vos cinq sens, la vue qui vous procure le plus d’émotions ?
EMB : Non, la vue devenue l'un de mes outils de travail. Pour l'émotion, c'est le toucher.

- Quelle est l’activité qui vous permet de reposer vos yeux et de ressourcer votre envie de photographier ?
EMB : Le sport (notamment le ski et le rugby). Jouer et partager avec les personnes que j'aime.

- De quelle manière travaillez-vous ?
EMB : Le plus simplement possible, mais en veillant aux désirs, aux envies, aux egos et aux fatigues de mon équipe.

- Comment trouvez-vous les idées de vos shootings pour la presse ?
EMB : En collaboration et avec la complicité de la rédactrice mode.

- Comment choisissez-vous vos modèles ?
EMB : Une première sélection (via internet) pour la physionomie. Puis une seconde (go and see) pour trouver l'allure, la personalité, le regard…

- Comment abordez-vous un sujet qui a déjà été très photographié sans tomber dans le cliché ?
EMB : Il n'y a pas de clichés. Il n'y a que des images. 

- L’industrie de la mode s'est-elle beaucoup transformée depuis vos débuts ?
EMB : Oui… Surtout au niveau des magazines : on ne peut plus vraiment parler de journalisme, mais plutôt d’échange avec les annonceurs. Le mot "industrie" résume bien la situation. L'argent a pris le pouvoir sur l'information.

- Pub et presse : en quoi le travail est-il différent ?
EMB : Le nombre de personnes sur la prise de vue. Je viens de faire un shooting avec plus de 50 personnes ! La Pub est très (souvent trop..!) contrôlée par DA+DC+Client+Test. En rédactionnel, on part avec, en général, une équipe de 6 à 8 personnes. et puis on improvise en fonction du lieu, du temps, et des humeurs de chacun.  

- Comment votre style a-t-il évolué avec le temps ?
EMB : De prédateur, mon regard est devenu protecteur.

- Quel conseil donneriez-vous à un jeune photographe ?
EMB : Écoute. Observe. Vis ta passion. Et fonce !

- Pourquoi êtes-vous devenu photographe ?
EMB : Pour figer un instant que l'oeil a perçu mais que le cerveau n'a pu capter.
 

QUESTIONS SUBSIDIAIRES

- Quel (autre) métier auriez-vous aimé faire, à part photographe ?
EMB : Euh... photographe.

- Qu’est-ce qui vous fait réagir le plus de façon créative, spirituellement, ou émotionnellement ?
EMB : "Observer" dans le sens de contempler, épier, dévisager, fixer, espionner, guetter…

- Qu’est-ce qui, au contraire, te met complètement à plat ?
EMB : Mettre trop de temps à trouver le sens de la prise de vue.

- Quelle est votre drogue favorite ?
EMB : Ma famille.

- Quel bruit, quel son, aimez-vous faire ?
EMB : Clic... clac... schliiitch... zzzzzppp...

- Quel bruit détestez-vous entendre ?
EMB : Des Pleurs.

- Qu'aimeriez-vous shooter pour mettre sur un nouveau billet de banque ?
EMB : Un arbre.

- Quel est votre juron, gros mot, blasphème favori ?
EMB : "Puuutain de meerrde...!"

- Quel don de la nature aimeriez-vous posséder ?
EMB : Lire dans les pensées... et plus particulièrement dans celles des femmes.

- Avez-vous un objet fétiche, un porte-bonheur ?
EMB : Des caleçons à motifs rouges pour les jours de prise de vues.

- En quoi aimeriez-vous être réincarné ?
EMB : Un chêne, pour pouvoir observer ma descendance.

- À quoi vous sert l’art ?
EMB : Il est une source d’inspiration, à condition qu'il m'émeuve ou me perturbe.
 

SI VOUS ÉTIEZ

- Une couleur ?
EMB : Le cyan.

- Une chanson ?     
EMB : "I Feel Good", de James Brown.

- Un objet ?                 
EMB : Le dernier iPhone.

- Une saison ?               
EMB : L’hiver.

- Un parfum ?              
EMB : Vétiver, de Guerlain.

- Un sentiment ?        
EMB : Attentif, enflammé, impliqué.

- Une sensation ?      
EMB : Caresses.

- Un alcool ?               
EMB : Vin Rouge (un peu rosé l'été...).

- Un(e) artiste ?
EMB : J'aurais adoré être Andy Warhol.

- Une œuvre d’art ?      
EMB : N'importe quel Warhol… et plus particulièrement Fragile, Handle with Care.
 

UN PHOTOGRAPHE + UN LABO
Éric Matheron-Balaÿ & Processus


- Pourquoi avez-vous choisi Processus ? 
EMB : Efficacité, amabilité, complicité et réactivité…!
 

L'ARRÊT SUR IMAGE d'Éric Matheron-Balaÿ


Éric Matheron-Balaÿ décrypte ce mois-ci pour Processus, l'une de ses images. Port Cros Juin 2001.  
EMB : Port Cros est l'unique série photos où mon univers intime et personnel s'est retrouvé mis en scène. Pierre Maunoury, à l’époque directeur du Magazine WE, m’avait proposé de travailler pour lui sur une série photos destinées à promouvoir des séjours touristiques. La seule contrainte, ou plutôt la gageure, était d’adopter un regard différent des autres reportages habituels dans le traitement du sujet. Port Cros... Port Cros fait partie intégrante de ma personnalité. Une maison familiale, mes racines (6ème génération), un lieu où chaque année je viens me ressourcer, un havre de paix où j'y retrouve ma famille, mes amis. Port Cros... nous y sommes partis avec assistant, rédacteur et Tina, le mannequin, pour trois nuits. Très vite Tina s’est laissée charmer, envoûter par le lieu. Tous les insulaires, copains d’enfance pour la plupart, nous ont ouvert grand leurs portes. Cette série ne se veut donc pas vision académique, exemplaire ou branchée de la photographie, mais tout simplement une illustration très personnelle, une mise en scène idéalisée de moments passés à Port Cros : pétanque sur le port, apéros à la "Trinquette", balade au "Manoir", plongée à la "Gab".
Techniquement, à l'époque, nous shootions en argentique, négatif couleur et film N&B Polaroid. J'adorais travailler avec mon Pola 190, faire des plan-films N&B, me promener avec mon petit labo ambulant... À part retirer les petites "pétouilles" de poussières et travailler un peu la chromie, aucune retouche.


Interview : Sandrine Fafet
(Juillet 2012)