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Le photographe Guillaume Herbaut

Photographe français né en 1970 et membre fondateur de L’Oeil Public jusqu'à sa fermeture en 2010, Guillaume Herbaut s'intéresse aux zones du monde marquées par les conflits et se rend depuis quelques années sur des lieux chargés d'Histoire, porteurs de symboles, qui interrogent le monde actuel. Son travail a été récompensé par de nombreux prix, notamment au World Press Photo.
LEGENDE
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INTERVIEW

- Premier contact avec la photo ?
Guillaume Herbaut :  J'ai toujours voulu être photographe mais je ne l'ai pas su tout de suite. À 12 ans, je suis tombé sur une photo de Lartigue qui m'a subjugué - une femme qui sautait dans un escalier. J'ai emprunté un Instamatic, j'ai fait une pellicule, mais quand j'ai regardé les photos, j'ai trouvé le résultat nul. À 16 ans, deuxième choc : un livre de Robert Capa. Son engagement, cette volonté de témoigner coûte que coûte et la force des photos ; autant d'éléments qui m'ont donné envie de faire du journalisme. J'ai acheté un boîtier et j'ai passé mes week-ends à photographier des lieux mythiques dans Paris. Au fur et à mesure, la photo a tout envahi, je suis devenu obsédé par l'image. J'ai laissé tomber la fac d'éco au bout de trois mois, pour intégrer une école de photo qui ne m'a rien apporté. Mon métier, je l'ai appris en faisant du reportage, dans la rue.  

- Vous êtes photographe reporter : y a-il de "bonnes" photos que vous regrettez cependant d’avoir prises ?
GH : Non, aucune.

- En tant que photographe, diriez-vous que c’est, de vos cinq sens, la vue qui vous procure le plus d’émotions ?
GH : Absolument oui ! La peinture, en général, me touche aussi énormément. Cela peut parfois me faire réagir autant qu’une image.

- Justement, quelle est l’activité qui vous permet de reposer vos yeux et de ressourcer votre envie de photographier ?
GH : Je repose mes yeux en leur montrant autre chose : je lis beaucoup, je vais au cinéma, et je vois énormément d’expos.

- Quel est le parfum, l’odeur, qui vous touche le plus ?
GH : L’odeur de la forêt.

- Vous voyagez beaucoup. Qu’est-ce qui déclenche un départ ?
GH : Une histoire.

- Vos photos sont-elles différentes, selon vous, lorsque vous avez quitté votre univers, votre pays, votre quotidien ? Avez-vous besoin d’être nécessairement dans un « ailleurs » pour faire vos photos ?
GH : Pas vraiment, non. Photographier c’est toujours, pour moi, entrer dans un univers personnel. Ce qui compte, à chaque fois, c’est de savoir pourquoi je photographie.

- Avez-vous déjà eu envie d’arrêter complètement la photo ?
GH : Non, jamais. M’exprimer par la photographie, c’est quelque chose de vital pour moi. Si je reste trop longtemps sans partir en reportage, je deviens insupportable ! Ce métier, c’est vraiment une passion, une vocation.

- Comment est né L'Oeil Public ?
GH :  En 1995, avec des amis photographes, nous avons décidé de créer une structure associative pour nous entraider et créer des événements culturels qui mettent en avant nos travaux.

- De quelle manière L'Oeil Public a évolué ?
GH : Actuellement, nous sommes neuf photographes au sein de trois entités : une structure associative baptisée le Collectif, une SARL Oeil Public (clients corporate) et une société de presse oeilpublic.com (représentation internationale). Notre ambition : nous battre pour notre indépendance et celle de nos membres. Notre volonté : raconter la société qui nous entoure à travers des histoires photographiques en cherchant des narrations différentes de celles que l'on trouve habituellement dans le photo-journalisme. Ce qui nous importe d'abord, c'est le sens, le propos. Ensuite, c'est la manière de représenter les choses, l'esthétisme de la photo.

- Comment imaginez-vous l'avenir de L'Oeil Public ?
GH : Nous sommes dans une période où le monde de la photo de reportage est en train de changer radicalement : crise de la presse écrite, explosion d'Internet, vidéo omniprésente… Ayant moins de moyens de production et de diffusion de nos reportages, nous devons nous réinterroger pour savoir comment continuer à exercer notre métier, avec la même exigence.   

- Deuxième numéro de la Revue L'Oeil Public... ?
GH : Le numéro 1 est paru en avril 2007 sous le titre 'France ô ma France'. Le suivant a été présenté en avant première à Visa pour l'image en septembre, il est déjà disponible en librairie. Son thème : 'Crime et châtiment'. Il s'agit d'une réflexion sur la représentation de la violence dans la photo.

- Quelle est la spécificité de cette revue ?
GH : C'est un lieu de réflexion et de liberté, mais aussi d'échange puisqu'on fait intervenir des auteurs. Nous sommes des questionneurs de la société. La revue n°2 se compose de plusieurs portfolios (un autre regard  sur le 11 septembre, le 2e conflit irakien, des images de destruction au Liban, des victimes de guerre au sud Soudan, les femmes disparues de Ciudad de Juarez au Mexique, les exclus de la société russe) et de textes d'auteurs. La revue L'Oeil Public se présente comme un objet bicéphale, à la fois sur papier et sur Internet, ces deux modes de diffusion étant complémentaires.
 

UN PHOTOGRAPHE + UN LABO
Guillaume Herbaut & Processus

- Pourquoi avez-vous choisi Processus ?
GH : Je connais l'équipe depuis une dizaine d’années. On est très proches, on évolue en parallèle. Réactivité, qualité, efficacité, écoute et ouverture d'esprit : autant de qualités qui sont les leurs. Ils ont un service vraiment complet et surtout une relation humaine très forte, une chaleur, une simplicité et pas de prétention. Ça fait du bien !
 
Le mot de la fin, par Marie-Laure Metge-Escuriol - fondatrice de Processus
ML : Je connais Guillaume depuis très longtemps et pourtant, chaque fois que je vois son travail, la même chose me surprend : ce contraste entre la douceur de son caractère et la violence de ses images. Il y a chez lui une vraie générosité, une force extraordinaire, et derrière chacune de ses photos, il y a une histoire bouleversante.


Interview : Sandrine Fafet
(Septembre 2008)