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François Hébel, directeur des rencontres de la photographie d'Arles

À la tête des Rencontres d’Arles de 1986 à 1987 puis de 2001 à 2014, François Hébel a voulu faire de ce festival un événement majeur dans notre paysage culturel et il a su lui conférer un rayonnement international. Il est notre invité ce mois-ci. L'occasion de revenir sur quelques événements marquants de ces quinze éditions mémorables, alors qu'il chapeaute cette année sa dernière programmation.
Premier mandat, François Hébel crée la polémique en installant les Rencontres dans les anciens ateliers SNCF. « À l’époque cela ne se faisait pas d’exposer de l’art dans des lieux industriels » dit-il. Le contenant sera d'ailleurs autant critiqué que le contenu, des photos couleur de Martin Parr installées dans des cabines de plage, avec la série The Last Resort, aux photos d'Annie Leibovitz collées au mur… Finalement, les ateliers SNCF deviendront l'un des lieux emblématiques des Rencontres. François Hébel sera également le premier à montrer, en France, le travail de Nan Goldin et sa projection d’images intimes intitulée The Ballad of Sexual Dependency. Et puis en 2001, il fait passer le nombre des expositions de 13 à 30, ouvre aux expositions l’Église des Frères-prêcheurs, lieu désaffecté qui deviendra l’un des plus prestigieux du site,  et donne une large place à la photographie vernaculaire, en exposant notamment la collection du photographe Martin Parr ainsi que le travail Evidence de Larry Sultan et Mike Mandel. On se souvient également de l'incroyable concert de Patti Smith avec Lenny Kaye au Théâtre Antique, sur des photos de l’agence VU, et des Nuits de l'Année, avec les projections photographiques d'agences photo, collectifs de photographes, magazines - et une petite pensée au passage pour le regretté magazine VoxPop, qui y participa plusieurs années consécutives… De beaux instants photographiques. 
Dès le mois prochain, les Rencontres connaitront un nouveau directeur mais elles continueront à nous surprendre et à nous émerveiller. Alors longue vie aux Rencontres.
 
"En quinze éditions, j’ai toujours considéré Arles comme une scène théâtrale à l’échelle d’une ville, destinée à propulser les photographes sous les projecteurs, à leur tendre des micros (parfois des mégaphones !), à échanger avec leurs publics (…)
J’aime cette équipe qui m’apprend autant que j’aime les photographes qui nourrissent mon imaginaire. Beaucoup d’institutions se consacrent à l’oeuvre d’artistes disparus, évitant l’angoisse des contemporains. Cette angoisse, cette perception insatisfaite de l’état des choses, insatiable quant aux possibilités de produire et d’être reconnu, sont le moteur de mon métier (…)
Rendre un artiste visible est le plus beau cadeau à lui offrir. Nous nous appliquons à faire d’Arles un coup de projecteur efficace, et les artistes nous le rendent bien en déployant une énergie extraordinaire lorsqu’ils y sont invités (…)
Quarante-cinq ans d’histoire des Rencontres, le chapiteau va changer de forme (…)
Merci aux photographes, merci aux visiteurs, merci à la merveilleuse troupe des Rencontres.
Rideau." François Hébel.
LEGENDE
A PLACER ICI

INTERVIEW

- Quel est votre métier ?
François Hébel : Directeur des Rencontres de la photographie d'Arles.
 
- Dernière programmation pour vous cette année à Arles. Quel bilan tirerez-vous de ces années consacrées aux Rencontres ?
FH : Une période passionnante où nous avons réussi avec de nombreux commissaires internationaux, à élargir la curiosité du public pour des genres très variés de la photographie, sans prendre en compte la valeur commerciale.
Grâce à cela, beaucoup d'emplois directs et indirects ont été créés à Arles.
 
- Pourquoi ce départ ?
FH : Pour rester libre.
 
- Quels sont vos projets pour la suite ?
FH : Il est trop tôt pour en parler.
 
- Premiers contacts avec la photographie ?
FH : Certainement des albums de famille, un instamatic, puis le film Blow Up.
 
- Quels sont les photographes qui vous impressionnent ?
FH : Tous. Je trouve très courageux de choisir une profession artistique.
 
- Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans la photographie ?
FH : Les photographes. Rencontrés aux quatre coins du monde, ils sont au coeur de leur société ; les rencontrer est extrêmement enrichissant.

- Argentique VS numérique ?
FH : Ils ne faut pas les comparer, ils s'additionnent pour élargir la palette des possibles.
 
- Faites-vous des photos ? De quel genre ?
FH : Bloc note.
 
- Quelle est l’activité qui vous permet de reposer vos yeux et de ressourcer votre esprit critique ?
FH : Changer de point de vue en s'imprégnant d'autres cultures, d'autres arts.
 
- À quoi sert un photographe ?
FH : Les artistes, pas seulement les photographes, ne sont pas des marginaux ainsi que certains le pensent par facilité. Ils sont au centre de la société et non à la marge. Ils la ressentent plus que d'autres, et tentent de la traduire pour mieux nous la faire comprendre, dans sa tragédie comme dans sa beauté.
 
- Quel conseil donneriez-vous à un jeune photographe ?
FH : De ne pas exposer trop tôt.
 
- Et la génération de demain… ?
FH : Gigantesque et populaire, plus libre des dogmes, certainement créative comme jamais auparavant.
 

QUESTIONS SUBSIDIAIRES

- Quel (autre) métier auriez-vous aimé faire ?
FH : Avocat.
 
- Quel métier n'auriez-vous pas aimé faire ?
FH : Chômeur.
 
- Quelle est votre drogue favorite ?
FH : Le whisky irlandais.
 
- Qu’est-ce qui vous fait réagir le plus de façon créative, spirituellement, ou émotionnellement ?
FH : Tout.
 
- Qu’est-ce qui, au contraire, vous met complètement à plat ?
FH : Rien.
 
- Quel bruit, quel son, aimez-vous faire ?
FH : Am Em C G.
 
- Quel bruit détestez-vous entendre ?
FH : Am Em C G mal joué par moi.
 
- Quel est votre juron, gros mot, blasphème favori ?
FH : Administration de la culture.
 
- Avez-vous un porte-bonheur ?
FH : Quatre enfants.
 
- En quoi aimeriez-vous être réincarné ?
FH : En singe.
 
- À quoi vous sert l’art ?
FH : Penser, voyager.
 

Interview : Sandrine Fafet
(Février 2013)